vendredi 11 novembre 2016

Sa douleur hurle comme.

Sa douleur hurle comme un samedi soir
comme le marteau qui manque sa trajectoire
comme les fesses sur la patinoire
sa douleur hurle comme
le samedi soir
Sa douleur ne fait pas mal il faut croire
qu’elle est passée par pas mal d’histoires
elle fait juste un peu de peine à voir
pour ceux qui savent repérer
ce genre de clarté inversée
Et dans le monde ce genre d’écart
C’est comme sauter dans les flaques quand il n’y a que des flaques
C’est comme venir avec ses larmes quand il n’y a que des flaques
c’est comme dire : bois mes larmes, et après je déciderai si l’on fait l’amour ou pas
C’est comme soupçonner qu’il y aura quelque chose de frêle dans la certitude.
« I love make people feel weird » dit-elle
en allumant une énième clope
dans le vent
une bataille dont elle sort épuisée
Sa douleur hurle comme un samedi soir
et nous ne sommes que vendredi soir
ça promet !

jeudi 10 novembre 2016

L'araignée

Je viens de tuer
une araignée
et me voilà déprimé
pour la soirée
J’ai ce blues post frappe nucléaire
que connaîtra peut-être Donald
Ou ses ennemis
Ou ses compères
L’âme de l’araignée
vient me chatouiller
et me traite d’assassin
de petite frappe (nucléaire)
et en même temps
Son corps d’araignée
avait l’air mal en point
Plus rabougri qu’il y a dix jours
quand je l’avais laissée filer
C’est le cas de le dire
Pour une araignée
Oui, je l’avais laissée filer,
alors qu’elle s’était fixée
sur le bras du fauteuil où je me trouvais
(avant de la voir
avant de bondir au plafond)
Là je lisais un poème de Bukowski
sur le canapé
et la voilà qui revient à nouveau
elle voudrait se lancer dans l'imitation de chats ou quoi ?
ou elle est frappée d’alzheimer ?
ou elle veut toujours lire le livre que je lis
exprès pour m’embêter ?
C’est une araignée qui aime bien être dans mes pattes
alors qu’elle en a plus que moi
Je lui ai rappelé que l’existence est brève
pour tout le monde
surtout pour les insectes qui me dérangent
quand je lis un poème
en ce moment j’écris
et le téléphone sonne
heureusement que je n’ai pas les codes nucléaires.
Je ne sais pas pourquoi
je suis si triste
j’aurais peut-être sympathisé avec elle
je l’aurais aiguillée dans ses lectures
Ou je suis peut-être triste à cause de son âme
Et parce que pour elle je ne suis pas certain que
"True love will find you in the end"
Comme le chante Daniel Johnston.
C’est drôle cette histoire d’âme
parce que je suis abattu
à cause de l’âme de l’araignée
et pourtant les moustiques
je les éclate contre les murs.

vendredi 4 novembre 2016

La douceur envolée.

Quand je vois sur le boulevard
Un homme qui porte
Deux sacs chargés de provisions 
Pour sa mère très âgée qui avance péniblement à ses côtés
Cela me brise le coeur 
C'est quelque chose qui n'est plus à ma portée
Le genre de routine merveilleuse envolée pour toujours
Même si le fantôme d'un trajet
Peut revenir s'imposer
À tout moment de la journée
Et la douceur de faire les courses
Et la douceur de l'ordinaire
Et la douceur du superflu
Et la douceur d'une fois rentrés
Et la douceur de déballer et ordonner les provisions
Et la douceur du déjeuner
Et du retour, de nouveau seul,
Dans l'autre versant de la journée
Et de la Ville
Grise et lumineuse
Et puis je pense à autre chose
À rabattre la pointe de mon parapluie anglais
Pour ne pas qu'elle se perde dans les rayons
De cette jolie fille à vélo
Qui roule vraiment n'importe comment.
J'espère qu'elle zigzague moins dans sa vie
Comme nous tous pas certain.