mardi 28 juin 2016

Rue de Buci

Le tapage de la rue de Buci
Les amplis portatifs
Qui diffusent leurs daubes
Et les couples lascifs 
Qui mangent du poisson douteux
Et tous ces types qui parlent fort
Comme si les bienfaits de leur conversation
Devait porter jusqu'aux étoiles
Et tous ces connards dans leur pousse pousse à pédales
Attrapes touristes
Et la lumière du boulevard Saint-Germain qui disparaît par degrés,
Bientôt elle n'aura pas plus de valeur que le mystère que tu encoures
À t'endormir loin de moi
Et les sirènes du Samu et des pompiers
Qui me paraissent toujours plus fortes,
Infernales mêmes, depuis les attentats
Et ce type qui jette des miasmes de regards imbuvables à la fille avec laquelle il partage son deuxième litron de champagne en terrasse du Flore, à moins d'un mètre des roms qui ont colonisé le quartier et installé leur matelas
devant la librairie L'écume des pages, et qui, place de la Croix Rouge, jouent sur un transistor perrave la même musique perrave que tu entends dans nos métros perraves
Et quelle vie pour les enfants ?
Et avec quelle nouvelle dégueulasse nous réveillerons-nous demain ?
Avec quelle nouvelle habitude nous faudra-t-il pactiser ?
Et où ira voguer le souvenir des amours un peu fous, dérangés,
Qui n'ont jamais su se fixer
Ni dans le temps ni dans la mémoire
Alors, dans la misère
Aveugle à sa misère
Qu'est devenue Paris,
Cette jolie fille sur son vélo,
Ma seule échappatoire.